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DES MANUSCRITS ARABES.

ment la royauté ; l’émir Aibegh de premier ministre devint roi, et commença la dynastie des esclaves baharites. Après avoir régné sept ans, la Sultane qui l’avoit épousé et avoit quitté la couronne pour la mettre sur la tête de son époux, le fit assassiner. Aibegh étoit brouillé avec elle depuis quelque temps ; il étoit las de n’avoir que le nom de roi, et d’être obligé d’obéir à tous les caprices d’une femme impérieuse et jalouse en même temps. Elle lui reprochoit sans cesse de l’avoir placé sur le trône, et de lui avoir remis toutes les richesses du sultan Nedjm-Eddin ; elle avoit poussé la jalousie si loin, qu’elle l’avoit forcé de répudier une de ses femmes, mère de Noureddin son fils. Aibegh, pour se séparer de la Sultane, avoit abandonné le château, séjour ordinaire des rois, et avoit pris un palais dans un autre quartier du Caire ; ensuite il se fiança avec la fille du prince de Mousol. À cette nouvelle la Sultane devint furieuse, et elle jura de se venger ; elle dissimula cependant, et lui envoya un homme de confiance, sous prétexte de vouloir se réconcilier avec lui ; Aibegh donna dans le piège et retourna au château : au bout de quelques jours la Sultane choisit l’instant que ce prince étoit au bain ; elle entre suivie de cinq assassins, les uns le saisissent à la gorge, et les autres le prennent par les parties que la pudeur ne permet pas de nommer. Il tâcha de toucher la sultane, et soit qu’elle fût véritablement émue ou qu’elle feignît quelque pitié, elle dit aux assasins de l’épargner ; mais ils achevèrent de le massacrer, en répondant à la Sultane que s’ils laissoient la vie à Aibegh, il s’en vengeroit sur elle et sur eux. Nourreddin, fils de ce prince d’une autre de ses femmes, conçut la haine la plus violente contre la