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EXTRAITS

Mahomet[1] jouissoient autrefois, et que les Sultans n’avoient pas jugé à propos de leur enlever.

Melikul-Adil à peine sur le trône, au lieu de s’appliquer au gouvernement, se livra à toutes sortes de débauches : les grands de l’État qui auroient pu lui reprocher la dissipation dans laquelle il vivoit, furent exilés sous divers prétextes, et remplacés par des ministres complaisans. Il crut qu’il n’auroit rien à craindre quand les troupes seroient pour lui ; et, pour les gagner, il leur fit des largesses ; ses profusions jointes à celles qu’exigeoient ses plaisirs, épuisèrent les trésors que son père avoit amassés avec bien de la peine.

Une conduite si indigne d’un Souverain le rendit méprisable, et tous les peuples faisoient des vœux pour que son frère Nedjm-Eddin lui arrachât la couronne. Ce Prince n avoit point d’autre envie ; mais il n’osoit pas confier entre les mains d’un peuple inconstant un projet de cette nature. Enfin tous les ordres de l’État, lassés des tyrannies de Melikul-Adil, appelèrent Nedjm-Eddin au trône ; il fit son entrée au Caire le 9 de la lune de Chewal, l’année 637 [3 mai 1340], et fut proclamé Sultan de Syrie et d’Égypte. Melikul-Adil

  1. Les Khalifes successeurs de Mahomet étoient autrefois les maîtres de la Syrie, de l’Égypte et généralement de toutes les conquêtes faites par les Mahométans. Corrompus par le luxe et la mollesse, ils se laissèrent enlever, par les Fathimites, l’Égypte et la Syrie ; du temps de l’expédition de S. Louis, il ne leur restoit que l’Irak-arabe. Ils avoient cependant conservé une ombre d’autorité sur les autres provinces qu’on leur avoit prises ; les Sultans d’Égypte se soumettoient à une espèce d’inauguration de leur part, qui consistoit à revêtir un habillement que ces Khalifes leur envoyoient. Cet usage n’est pas encore aboli ; et le Grand-Seigneur envoie un pareil habillement aux kans de Crimée et aux hospodars de Moldavie et de Valakie, quand il les nomme à ces principautés.