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DES


PLAITS DE LA PORTE,


ET


DE LA FORME QUE NOS ROIS OBSERVOIENT


POUR RENDRE LA JUSTICE EN PERSONNE.


(Joinville, page 184.)




Si les rois ont esté de tout temps jaloux de leur autorité, et s’ils ont affecté de faire éclater leur puissance sur leurs sujets, aussi bien que sur leurs ennemis, ils ont aussi voulu signaler la douceur et la modération de leur gouvernement, par la distribution de la justice, et par l’établissement des gouverneurs, et des juges en toutes les places de leur royaume, pour la leur rendre en leur nom. Mais, comme il arrive souvent que les peuples sont oppressez par ceux mêmes qui sont instituez pour les garantir de l’outrage, et que ceux qui ont l’autorité en main pour les défendre, n’en usent que pour en former leurs avantages particuliers, on a esté pareillement obligé d’avoir recours aux princes, et d’apporter les plaintes à leurs trônes, pour obtenir de leur équité, ce que l’abus et l’injustice des juges sembloit refuser. C’est ce qui a donné sujet à nos rois, pour ne pas remonter plus haut, d’établir des justices dans leurs palais mêmes, et d’y présider en personne, pour recevoir et décider les plaintes