Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/108

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les faisoit craindre et defier d’aller seuls ausdits Estats ; desquels les deputez estans en crainte par les divisions et les forces que chacun vouloit avoir en main, je ne parle pas du Roy, ils ne pouvoient librement respirer leurs affections. Et quant à ce que l’Admiral avoit dictque ce n’estoit pas au Roy que le peuple en vouloit, il est bien certain que si Sa Majesté eust esté desarmée, ceux de Guise, desquels il se servoit pour lors, eussent entierement esté exposée à la mercy de leurs ennemis, et en danger de leurs vies.

Il y avoit grande apparence que le connestable devoit demeurer chef de l’armée et des forces du Roy, et que nul ne le devoit estre devant luy, pour la dignité de sa charge, attendu aussi qu’il n’estoit aucunement de la nouvelle religion, et n’approuvoit point la conjuration d’Amboise, quoy qu’il eust offert service et faveur au roy de Navarre. Mais l’inimitié et jalousie qu’il avoit conceue contre la maison de Guise, qui avoit la meilleure part près de Leurs Majestez, estoit une raison assez forte pour l’empescher.

Or, comme l’on estoit sur les deliberations à Fontainebleau, au mesme temps on eut nouvelles que les protestans s’estoient eslevez en Dauphiné sous la conduite de Mouvans et de Montbrun, et que le jeune de Maligny avoit une grande entreprise sur la ville de Lyon, qui la pensa surprendre, et l’eust fait n’eust esté que le roy de Navarre le fit retirer par lettres bien expresses qu’il luy escrivit. Neantmoins son intention decouverte fut cause de faire prendre les armes aux Catholiques, et s’assembler contre les compagnies de Montbrun et de Mouvans, qui furent poursuivis de si près par La Mothe Gondrin, Maugiron et autres forces