Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/109

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du Dauphiné, qu’ils furent contraints de quitter le pays et se retirer hors de la France.

Ceux de Guise estant advertis que l’on avoit voulu surprendre la ville de Lyon, et que cela s’estoit fait par le consentement et l’intelligence du prince de Condé, comme l’on l’asseuroit, conseillerent au Roy d’escrire au roy de Navarre qu’il estoit adverty que ledict prince avoit attenté contre son Estat et s’estoit efforcé de prendre ses villes, ce qu’il ne pouvoit croire : mais pour en estre plus certain, Sa Majesté prioit le roy de Navarre de luy envoyer ledict prince, autrement qu’il seroit contraint de l’envoyer querir. A quoy le roy de Navarre fit response qu’il se tenoit si asseuré de la fidelité de son frere envers le Roy, et de son innocence, qu’il aimeroit mieux mourir que d’attenter à l’Estat du Roy, et avoir pensé ce que ses ennemis luy imposoient ; et que s’il croyoit que la voye de justice fust ouverte, il ne feroit difficulté de luy mener sondict frere : ce qu’il ne pouvoit faire voyant ses ennemis avoir l’authorité à la Cour, et abuser des forces de Sa Majesté. Le prince de Condé s’excusa aussi d’y aller, pour les raisons qu’avoit allegué ledict roy de Navarre.

Incontinent le Roy fut conseillé de les asseurer par autres lettres de venir vers luy sans crainte, et qu’ils ne pourroient estre plus seurement en leurs propres maisons ny en autre lieu où ils peussent aller. La Reyne mere du Roy leur donna la mesme asseurance. Et le cardinal de Bourbon leur frere fut envoyé pour les amener : et furent si vivement sollicitez d’aller à la Cour, que le roy de Navarre promit qu’il iroit et meneroit son frere, seulement avec leur train, qui n’estoit pas ce que demandoient leurs serviteurs et les