Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/127

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présent héritier de la maison de Montmorency, et mareschal de France, de Strossy, La Nouë, La Guiche et plusieurs autres, tous pour lors affectionnez à la reyne d’Escosse et à la maison de Guise, la suivirent jusques en son royaume, où, le huitiesme jour après son embarquement, elle arriva, ayant eu la vue et quelque appréhension de l’armée d’Angleterre, qui estoit en mer, soit pour la prendre ou pour luy empescher le passage : ce qui estoit très-mal-aisé, pource que les galleres naviguent beaucoup plus légèrement que les vaisseaux ronds.

Aussi elle prit terre sans aucun danger à la rade du Petitlit un matin, lorsqu’elle n’estoit nullement attendue de ses sujets, et se fit conduire et porter en sa maison de Saint James, autrement appelée Le Cavignet, au fauxbourg de l’Islebourg, où soudain elle se mit au lit et y demeura vingt jours ou environ, pendant que les comtes, barons et seigneurs de son royaume, la furent trouver, ordonnant de ses affaires et de l’estat de son pays ; et comme on luy faisoit tout l’honneur et le service qu’elle pouvoit désirer, elle s’efforçoit de se rendre agréable et de contenter autant qu’il luy estoit possible aussi bien les petits que les grands. Et donna d’entrée si bonne opinion d’elle à ses sujets, que l’Escosse s’estimoit heureuse d’avoir la présence de sa Reyne, qui estoit des plus belles et plus parfaites entre les dames de son temps.

Ayant rallié tous ses sujets qui estoient divisés en factions, et se voyant en pleine et paisible possession,

    moit éperdument Marie Stuart : Le Laboureur prétend qu’elle l’auroit épousé s’il fût devenu veuf.