Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pluspart des François se retirèrent les uns après les autres.

Le duc d’Aumale s’en retourna par mer avec les galères, et le grand prieur et le mareschal d’Anville passèrent par l’Angleterre, désireux de voir la Reyne, son royaume et sa Cour, où ils receurent beaucoup d’honneur, et tous les seigneurs et gentilshommes françois qui les accompagnoient : le marquis d’Elbœuf fut le dernier qui partit d’Escosse, où le comte de Muray, frère bastard de ladicte Reyne, demeura comme principal chef de son conseil, avec quelques autres seigneurs escossois.

La reyne d’Angleterre envoya se conjouir avec elle de son arrivée en Escosse, luy offrant toutes les amitiez d’une bonne parente, et demonstrant estre bien aise de la voir en mesme isle, où elles régneroient toutes deux en bonne et parfaite union, comme si elle eust oublié toutes les querelles passées par le moyen du traicté fait au Petitlit.

Je me souviens que la reyne Elizabeth disoit lors, ce qu’elle luy escrivit aussi, que toute l’isle seroit enrichie et décorée de sa venue et de sa beauté, vertu et bonne grâce, qui estoient toutes honnestetez peut estre fort esloignées du cœur. La reyne d’Escosse de sa part n’oublia aussi rien pour donner bonne response et faire pareilles offres à la reyne d’Angleterre. Ces commencemens d’amitiez furent nourris et entretenus quelques temps par ambassadeurs, honnestes lettres et présens réciproques.

Mais enfin l’ambition, qui rarement abandonne l’esprit des princes, et particulièrement ceux qui sont si voisins, et qui ne permet qu’ils soient longuement en