Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Reyne demanda aussi que le gouvernement qui luy estoit laissé par le consentement mesme du roy de Navarre, et de tous les princes et seigneurs du conseil, fust emologué par les Estats. Il fut respondu que c’estoit contre la loy salique et ancienne coustume du royaume : toutesfois, puisque c’estoit par le consentement du roy de Navarre, des princes du sang et du conseil, il fut emologué. L’on tint encore quelques propos de faire rendre compte des finances à ceux qui les avoient maniées du temps du roy Henry second et François second.

Et pour le regard de la religion, un nommé Pierre Vermeil[1], qui se faisoit appeller Martyr, comme en ce temps chaque ministre changeoit de nom, et un ministre italien que l’on envoya quérir à Zurich sous la foy publique, d’Espina, La Rosière, Marlorat, Merlin, Morel, Male, et plusieurs autres ministres qui estoient en réputation, se trouvèrent audit Poissy, où ils demandèrent que le Roy y présidast, et que la dispute fust vuidée par la parole de Dieu et pureté de l’Evangile. D’autre part estoient les docteurs Despence, de Xaintes, et autres de la Sorbonne, et plusieurs evesques pour les catholiques. Pierre Martyr et Théodore de Beze voulurent user de grandes et vives persuasions à la Reyne, mère du Roy, pour l’induire à se ranger de leur costé ; mais cela ne servit qu’à la rendre plus constante à suivre et tenir la religion catholique, sans faillir un seul jour d’aller à la messe avec le Roy.

  1. Pierre Vermeil. Il est plus connu sous le nom de Pierre Martyr. Lorsqu’il eut embrassé la religion nouvelle, il quitta la Toscane sa patrie, où il étoit chanoine régulier : il épousa une religieuse de Strasbourg, et passa en Angleterre, où il fut proscrit sous le règne de Marie. Il devint ensuite premier pasteur de l’église calviniste de Zurich.