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posé cette Reine à refuser des secours aux protestans ; Castelnau fit plus, il la détermina, malgré l’opposition de presque tous ses ministres, à être marraine de la princesse que Charles IX venoit d’avoir de son épouse, Isabelle d’Autriche. Il employa aussi, mais vainement, son intervention en faveur de l’infortunée Marie Stuart, qui, depuis quatre ans, étoit prisonnière de sa rivale.

L’année suivante, lorsque le duc d’Anjou fut appelé au trône de Pologne, il fut décidé que Castelnau l’accompagneroit ; mais le prince, avant d’arriver à Cracovie, le renvoya en France, dans la persuasion qu’il y serviroit mieux ses intérêts si le trône venoit à vaquer. Ce pressentiment se réalisa bientôt : Charles IX mourut le 30 mai 1574 ; et Catherine de Médicis chargea Castelnau de lever six mille reîtres pour soutenir les droits du légitime héritier de la couronne.

À peine Henri III fut-il arrivé en France, que les protestans s’agitèrent, et renouèrent des intrigues avec la cour de Londres. Le Roi pensa que Castelnau, par la grande connoissance qu’il avoit de ce pays, parviendroit peut-être à les rompre. Il le nomma donc, en 1575, son ambassadeur près d’Elisabeth, et il exprima le désir qu’il restât long-temps dans cette cour, où ses services pouvoient être de la plus grande utilité. Castelnau y passa dix ans : il flatta la coquetterie de la Reine, en ayant l’air de croire qu’elle pensoit sérieusement à épouser le duc d’Alençon, frère de Henri III, et en faisant venir à deux reprises différentes ce jeune prince en Angleterre. Il déconcerta toutes les intrigues que formèrent les protestans, et il ne négligea aucun moyen d’adoucir le sort de Marie Stuart, dont la captivité devenoit chaque jour plus rigoureuse. S’il