Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/17

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ne put rien obtenir pour cette princesse, il retarda du moins son supplice, qui n’eut lieu que deux ans après qu’il eut quitté l’Angleterre (18 février 1587). Élisabeth, dont il contrarioit quelquefois les desseins, lui rendoit pleine justice ; et, dans une lettre qu’elle écrivit à Henri III, elle s’exprima ainsi : Castelnau est digne de manier une plus grande charge.

Le séjour qu’il fit en Angleterre fut la seule époque de sa vie où il put jouir de quelque repos ; ce fut là qu’il composa ses Mémoires pour l’instruction de son fils. Son dessein étoit d’embrasser tous les événemens dont il avoit été témoin ; mais les loisirs lui manquèrent, et il ne put retracer que l’histoire des trois premières guerres civiles, période qui commence à 1559, et finit à 1570.

Il revint en France en 1585, presque ruiné : son traitement ne lui avoit pas été payé exactement, et, ayant fait des avances considérables pour les deux voyages du duc d’Alençon, il n’en étoit pas remboursé. Il ne fut dédommagé, ni par Henri III, dont les finances étoient obérées, ni par le duc de Guise, qui blâmoit son inébranlable fidélité au Roi. Le duc de Guise le priva même de son gouvernement de Saint-Dizier, unique récompense qu’il eût obtenue, et s’en empara comme d’une place nécessaire à son parti. Ces injustices ne détournèrent point Castelnau de ses devoirs : il se déclara ouvertement contre la Ligue, dont les soldats ravagèrent ses terres ; et quand Henri IV parvint au trône (2 août 1589), il ne put lui offrir que ses services.

Le monarque l’accueillit avec les égards que méritoit un tel serviteur ; il lui donna des missions de con-