Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’auparavant, entre les catholiques et les protestans. Toutesfois cette année-là[1] se passa sans violence, hormis ce qui advint au faux-bourg Sainct-Marcel, comme j’ay dit, ce qui fut assoupi par l’authorité des magistrats. Mais depuis que les catholiques furent advertis que le roy de Navarre avoit esté distrait du party des protestans, et leur estoit plus contraire que favorable, et qu’il estoit uni avec ceux de Guise, le connestable et le mareschal de Sainct-André, ils commencèrent à se tenir plus asseurez qu’auparavant.

Cette reconciliation et amitié du roy de Navarre avec ceux de Guise avoit esté maniée fort dextrement, mesmement par le cardinal de Ferrare[2], qui estoit venu en France comme légat du Pape, afin de publier le concile de Trente, pensant par ce moyen empescher le concile national que la pluspart de la France demandoit, où l’on craignoit qu’il ne fust arresté quelque chose au préjudice de l’Église catholique et romaine, aussi qu’il tenoit grande quantité de bénéfices en France. L’on voyoit clairement que le party des protestans ne prenoit pied et accroissement que par la divison des princes et grands seigneurs. C’est pourquoy quelques-uns, désireux de les voir réunis ensemble, dirent au connestable, au duc de Guise et mareschal de Sainct-André, que le roy de Navarre et le prince de Condé, à l’instance et suscitation des protestans, leur vouloient faire rendre compte des finances de France qu’ils avoient maniées sous le roy Henry et le roy François II, et repeter les dons excessifs à eux

  1. Toutesfois cette année-là. Castelnau parle de l’année 1561. Suivant l'ancienne manière de compter, il la prolonge jusqu’à Pâques 1562.
  2. Le cardinal de Ferrare : Hippolyte d’Est.