Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/183

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Bourges, Montauban, Castres, Montpellier, Nismes, Castelnaudary, Pezenas, Beziers, Agen, la forteresse de Maguelone, Aigues-mortes, le pays de Vivarès, les Sevenes, Orange, Pierre-Latte, Mornas et presque de tout le comté Venaissin autour d’Avignon, Lyon, Grenoble, Montelimar, Pxomans, Vienne, Cisteron, Gap, Tournon et Valence, où La Mothe-Gondrin[1], gouverneur, fut tué par les huguenots, qui s’emparèrent de plusieurs autres villes, places fortes et chasteaux, comme ils les purent surprendre par diverses inventions et stratagèmes, où ils spolièrent toutes les églises et rompirent les images, et les jettèrent par terre avec grande animositë.

Dequoy le prince de Condé témoigna estre fort fasché, d’autant que cela contrevenoit à la protestation qu’il avoit faite et ses partisans avec luy, et que c’estoit une occasion aux catholiques de grand mescontentement, qui les encourageoit à prendre les armes ouvertement et avec plus de passion. Qui fut cause qu’il fit publier en toutes les villes que l’edict de janvier y fust entièrement gardé ; mais les courages estoient tellement animez, qu’ils avoient lasché la bride à toute sorte de desordre et de licence, sans aucune conduicte ny raison.

Or la prise de tant de villes, où les huguenots commandoient à discrétion, estonna fort la Cour et les catholiques, voyans que c’estoit chose très-difficile de les en chasser sans faire de grandes despenses pour y mener des armées et respandre beaucoup de sang, avec

  1. Où la Mothe-Gondrin. Blaise de Pardaillan, seigneur de la Mothe-Gondrin. Le chef protestant contre lequel il avoit eu à lutter, etoit le fameux baron des Adrets, qui s’étoit emparé du gouvernement du Dauphiné, et qui souilla ses victoires par les plus monstreuses cruautés.