Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/187

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quelque bonne union, ou du moins pour se justifier envers eux de la nécessité où il disoit que luy et tous les huguenots de France estoient reduicts.

Mais il estoit mal aisé d’esteindre un feu qui estoit trop allumé entre ceux d’un mesme sang et d’une mesme patrie, où chacun vouloit mettre le bon droict de son costé ; et aussi que ces princes estrangers, entr’autres ceux de la maison d’Austriche, ne demandoient pas mieux que de voir ce grand estât de France, si fort et si puissant, se ruiner par ses propres mains. Le duc de Savoye sentoit aussi encore le dommage qu’il avoit eu par la France, où il eust plustost attisé le feu que de l’estouffer, sçachant bien qu’elle auroit plus de perte en un an par les guerres civiles, qu’en vingt contre ses voisins, qui en estoient plus forts et plus asseurez. Car il est certain que la ruine et perdition d’un Estat est la conservation et accroissement des autres ; et nul ne perd en ce monde icy, que l’autre ne gagne, et de la corruption de beaucoup de choses se fait la génération. Il est vray que le comte Palatin, que j’ay de ce temps-là cogneu fort passionné pour les huguenots, avoit quelque volonté, s’il eust pu, de moyenner un accord, mais en faveur desdicts huguenots, encore qu’il fust pensionnaire de la maison de France, de laquelle il avoit reçu et les siens de grandes faveurs. Mais il estoit d’autre part suspect aux catholiques, car il avoit abandonné la religion luthérienne, receue par l’interim d’Allemagne, pour prendre la calviniste, dont il se rendoit fort partisan en toutes choses.