Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/226

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gers, attendu qu’il y avoit pour lors en France cent catholiques pour le moins contre un huguenot ; joint aussi que la pluspart des reistres et lanskenets qui estoient au service du Roy estoient huguenots, et mesmement le comte Rhingrave, qui m’a souvent dit que la guerre civile luy desplaisoit fort en France, encore qu’il y eust beaucoup de profit, comme de faire la monstre sur les vieux rooles ; à quoy se sont depuis accommodez les reistres et lanskenets, aussi bien que les Suisses, où toutesfois il n’y a que les colonels et capitaines qui ayent du gain : et c’est chose à quoy le prince qui se sert de ces nations doit bien prendre garde ; car à la fin il n’a qu’une moitié de gens de guerre en effet, et les autres en papier ; et faut payer ceux qui sont retournez dès la première monstre en Allemagne ou en Suisse. Davantage, c’estoit une chose fort périlleuse que d’appeller des estrangers de religion contraire, et envoyez par les princes d’Allemagne, qui ne demandoient que l’entretenement de nos guerres civiles, aussi bien que les Anglois et Espagnols.

Aussi les huguenots prenoient ce prétexte et s’excusoient de la levée de reistres et lanskenets qu’avoit amené d’Andelot, sur ce qu’on avoit fait venir toutes sortes d’estrangers pour les exterminer. Et puis dire en cet endroit que, comme l’on ne peut croire ce que l’on ne désire point, les chefs de l’armée du Roy ne pouvoient croire que ledict d’Andelot pust faire cette levée, dont neantmoins j’avois adverty le Roy, la Reyne et le roy de Navarre, dès-lors que j’estois prisonnier au Havre-de-Grace, comme en ayant veu ceux qui s’estoient trouvez à la capitulation. Et il est certain que les Anglois ne se fussent jamais hazardez