Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/227

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de faire descente en la Normandie, s’ils n’eussent premièrement este asseurez de la levée que faisoit ledict d’Andelot, de laquelle la pluspart de l’argent estoit venu d’Angleterre.

Et depuis ce temps-là toutes les pratiques et levées que les huguenots ont faites en Allemagne, ils les ont premièrement commencées audit Angleterre, où j’en ay empesché deux de très-grande importance pendant que j’y ay esté ambassadeur : l’une fut l’an mil cinq cens soixante et dix-huit, qu’avoit promis de mener le duc Casimir, et de ne sortir jamais de France qu’il n’y eust mis toutes choses à l’extrémité ; l’autre fut quand le prince de Condé vint en Angleterre, lorsque La Fere estoit assiégée, pensant y avoir de l’argent pour faire marcher les reistres et lanskenets qu’il avoit errez et retenus : mais je fis en sorte, avec la reyne d’Angleterre et ses principaux conseillers, que l’amitié du Roy fut préférée à celle de son sujet, et à la passion de ceux qui avoient précipité le roy de Navarre en cette guerre ; de quoy je parleray[1], Dieu aidant, en son ordre et retourneray à ce que le Roy et les chefs de son année ne crurent pas assez tost que d’Andelot pust amener des reistres et lanskenets, et qu’il pust les passer, comme il fit.

Raison pour laquelle le Roy fut conseillé d’envoyer en Allemagne, et escrire à l’électeur Palatin, pensionnaire de France, au landgrave de Hesse, et autres princes affectionnez aux huguenots, qu’ils n’eussent à les secourir, parce qu’ils estoient rebelles et sacramen-

  1. De quoy je parleray. Cette seconde négociation eut lieu en 1680. Il ne parle point de cette guerre dans ses mémoires, qui, comme nous l’avons observé, ne vont que jusqu’en 1570.