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entrer es premieres maisons à la main gauche, qui regardoient vers la porte ; de laquelle ceux de la ville tiroient jusques à son logis, où il demeura jusques environ sur les cinq heures du soir à voir tout ce qui se passoit, entendant quelques prisonniers sur l'estat de la ville et de ce que faisoit d’ Andelot, qu’ils dirent avoir la fièvre quarte ce jour-là. Lors il dit en riant que c’estoit une bonne médecine pour la guérir. Et s’enquit du Connestable d'autres particularités, selon qu’il pensoit apprendre quelque chose, puis il me dit : « Je voudrois que le mareschal fust ici pour une heure ; j’estime qu’il prendroit contentement de nos gens de pied, et qu’il auroit regret de les voir partir d’icy sans metLre M. le Connestable en liberté et desnicher le magazin et première retraite des huguenots. »

Achevant ce propos, il sortit de ce logis, et alla recognoistre ce qu’il put de la ville, de leurs fortifications et des lieux par où il la voudroit prendre ; puis il assit ses gardes, et ordonna à un chacun ce qu’il avoit à faire pour la nuit, leur asseurant qu’il seroit le lendemain de bon matin avec eux pour adviser du surplus, et donna lui mesme de sa main de l’argent à quelques soldats blessez, comme c’estoit ordinairement sa coustume, et ainsi avec la nuit il se retira à son logis, qui estoit à une lieue de là, et en retournant me dit : «Nous parlerons demain pour faire response au Roy et à M. le mareschal de Brissac. » Le lendemain de grand matin il m’envoya quérir, estant desjà prest à monter. à cheval pour aller au Portereau et retourner à son entreprise, où il employa tout le jour à commander et ordonner tout ce qu’il y avoit à faire pour la prise de la ville, et à préparer des batteaux pour passer la ri-