Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/273

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penser trouver et sa cavalerie en lieux desavantageux, comme Castelnau m’en a fait le rapport, et laisser l’entreprise d’Orléans, ville si estonnée et à demi prise, c’est chose qui me semble hors de propos ; veu aussi que l’Admiral ne sera pas si mal adverty (attendu qu’il en a de sa faction à la Cour et par toute la France), qu’en moins de vingt-quatre heures l’on ne luy mande ce qui aura esté conclu contre luy : sur quoy il pourvoira diligemment à ses affaires pour se mettre et sa cavalerie en lieu de seureté et commode pour chercher ses advantages ; et faut considérer que l’armée du Roy qui tient Orléans de bien près, est composée de gens de pied seulement ; que depuis la bataille toute la cavalerie s’est allé rafraischir et remettre en estat de faire service ; et lorsqu’il a esté question d’employer cent chevaux après avoir passé la rivière de Loire, j’y ay eu assez affaire, la pluspart estant volontaires, et bien souvent j’ay presté ceux de mon escurie et de ma maison, Aussi a-t-on jamais veu une armée, toute de gens de pied, aller chercher une armée de gens de cheval, ayant tant de plaines à passer, comme celle de la Beausse, celle de Dreux et celle du Neufbourg, en l’une desquelles l’Admiral attendra l’armée du Roy, en son option de combattre, ou de hasarder mille ou douze cens chevaux, pour les sabouler parmy les gens de pied, voir s’il les pourra entamer, pour donner dessus tout le reste ? ou bien, quand il n’aura volonté de combattre, il leur coupera les vivres, et leur fera endurer de grandes incommoditez en quelque mauvais logis ; et, en un mot, pour partir d’Orléans, quand bien ce seroit chose forcée, il faux six ou sept jours à desloger, à faire cuire du pain, ordonner aux commissaires des vivres de