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quelconque, avec defences aux juges de diminuer la peine comme ils avoient fait depuis quelques années auparavant. Et parce que, en ce temps, il y eut quelques conseillers du parlement de Paris qui, à la mercuriale, furent d’avis de faire ouverture des prisons à un lutherien qui persistoit en son opinion, chose du tout contraire à l’edict de Romorentin, ledit feu roy Henry fut, le dixiesme juin mil cinq cens cinquante-neuf, au parlement, seant pour lors aux Augustins[1], et fit constituer prisonniers cinq conseillers de la cour.

L’on faisoit divers jugemens de l’edict, et les plus politiques et zelateurs de la religion estimoient qu’il estoit necessaire, tant pour conserver et maintenir la religion catholique, que pour reprimer les seditieux, qui s’efforçoient, sous couleur de religion, de renverser l’estat politique du royaume, et afin que la crainte du supplice retranchast la secte par la racine. Les autres, qui n’avoient soin, ny de la religion, ny de l’Estat, ny de la police, estimoient aussi l’edict necessaire, non pas pour exterminer du tout les protestans, car ils jugeoient que cela pourroit estre cause de les multiplier, mais que ce seroit un moyen de s’enrichir par les confiscations des condamnez, et que le Roy se pourroit acquitter de quarante et deux millions de livres qu’il devoit, et faire fonds aux finances, et, outre ce, contenter ceux qui demandoient recompense des services qu’ils avoient faits à la couronne, en quoy plusieurs met-

  1. Seant pour lors aux Augustins. Le parlement siégeoit dans ce couvent, parce que l’on faisoit au Palais les préparatifs des fêtes qui devoient avoir lieu pour les mariages d’Elisabeth, fille aînée du Roi, avec Philippe II, et de Marguerite, sœur du même prince, avec Emmanuel Philibert, duc de Savoie.