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princes du sang et son conseil, de faire le voyage par toutes les provinces du royaume, pour faire voir le Roy à tous ses sujets, leur commander et enjoindre ses volontez comme majeur, et pour appaiser plusieurs divisions qui estoient encore entre les uns et les autres, et establir par tout une bonne paix.

Le Roy partit donc de Fontainebleau, et s’en alla à Sens faire son entrée, et de là à Troyes en Champagne, où l’on resolut, avant que de passer outre, de conclure la paix avec la reyne d’Angleterre ; ce qui ne se pouvoit faire sans envoyer quérir Trokmarton, qui estoit tousjours prisonnier à Sainct-Germain en Laye, et le mettre en liberté. Le Roy donc me commanda de l’envoyer quérir par un gentilhomme et dix archers de ses gardes, feignant que c’estoit pour luy faire compagnie, et donner ordre qu’il fust bien traité et n’eust point de mal par le chemin, dont il fut fort scandalisé, encore qu’il eust des maistres d’hostel du Roy ordonnez pour le deffrayer de toutes choses fort honorablement. Et, comme il estoit fort violent, il ne se put tenir de dire qu’au traitement qu’il avoit reçu l’honneur de sa maistresse estoit fort touché. Estant donc arrivé le lendemain. Leurs Majestez adviserent d’ordonner des commissaires avec ample pouvoir pour traiter avec eux, qui furent les sieurs de Morvillier et Bourdin. La paix ainsi estant mise sur le bureau, en peu de jours fut resolue, et publiée à Troyes le treiziesme jour d’avril, avec grande allegresse de Leurs Majestez et de toute la Cour.

Les plus grandes difficultez qui s’y trouvèrent furent pour le regard des ostages que l’on tenoit en Angleterre pour cinq cens mille escus, au défaut de la resti-