Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/33

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Les moins passionnez jugeoient que la chose estoit supposée, veu que d’un nombre infini d’informations il ne s’en trouvoit qu’une, et l’on estimoit que c’estoit une invention propre et necessaire pour rendre lesdits protestans et leur doctrine d’autant plus odieuse. De laquelle invention l’on avoit anciennement usé contre les chrestiens en la primitive Eglise , comme l’on voit ès apologies de Tertulien et de l’orateur Athenagoras, depuis pratiquée contre les templiers sous le regne de Philippes le Bel, lesquels on accusoit de manger les petits enfans, et d’en crucifier un le jour du Saint Vendredy. Mais les histoires publiées de ce temps-là en Allemagne, portent que c’estoit une pure calomnie que l’on leur imposoit pour avoir leurs biens, comme il fut fait. Toutesfois cette accusation, ou impieté, n’estoit pas nouvelle, puisque l’on voit et tient-on pour histoire certaine et veritable, que les Gnostiques et Barbelites furent atteints et convaincus de se soüiller de paillardises incestueuses, sous voile de religion, et après tuer les enfans procréez de tels incestes, et les piler et paistrir avec de la farine et du miel, et en faire des tourteaux qu’ils mangeoient, disans et blasphemans que c’estoit le corps de Jesus-Christ, dit Epiphanius en son livre contre les heresies de son temps.

Quoi qu’il en fut, lorsque l’on menoit executer des protestans, quelques-uns disoient qu’ils mangeoient les petits enfans : neantmoins lesdits protestans estoient si opiniastres et resolus en leur religion, que lors mesmes que l’on estoit plus determiné à les faire mourir, ils ne laissoient pour cela de s’assembler, et plus on en faisoit de punition, plus ils multiplioient ; et semble