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se separoient entierement des huguenots : qui estoient argumens certains qu’en peu de temps il se verroit quelque grand changement.

En ce temps, le duc d’Alve preparoit une armée pour les Pays-Bas, composée de Siciliens, Napolitains, Milanois, et de mille chevaux legers espagnols, et quatre compagnies de la Franche-Comté. Ce qui donna grand ombrage au prince de Condé, à l’Admiral et à ceux de leur party, qui conseillèrent aussi-tost au Roy de faire une levée de six mille Suisses et de quelques reistres et lanskenets, et renforcer les compagnies françoises qui avoient esté réduites à cent hommes pour le plus, autres à cinquante, ce qui fut fait ; mais, nonobstant cela, ils prirent grande jalousie et defiance que cette armée du duc d’Alve, sa venue au Pays-Bas et cette levée de six mille Suisses que le Roy faisoit, ne tombast sur leurs espaules.

Parquoy ils délibererent d’envoyer en Allemagne, aux Pays-Bas, et vers leurs amis et confederez, afin de se fortifier d’eux en ce besoin, faisant leurs affaires beaucoup plus secrettement que les catholiques, dont l’Admiral estoit le premier negociateur : lequel, voyant que le duc d’Alve continuoit de dresser son armée en Piedmont, prit occasion de remonstrer derechef au Roy et à la Reyne sa mere, qu’ils devoient prendre garde pour l’estat de France, sur lequel le duc d’Alve voudroit aussi-tost empieter, s’il pouvoit, que d’apporter une perpetuelle tyrannie aux Pays-Bas, et y establir telles forces que les François y pourroient à peine jamais remédier ; alleguant l’Admiral, que les Espagnols avoient fait toutes leurs conquestes sous pretexte d’amitié et d’alliances, et qu’ils n’avoient rien en plus