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jours pour assembler toutes ces troupes, ausquelles il fallut bailler une monstre avant que nous acheminer à Cambray, où estoit nostre rendez-vous ; et, prenant congé du duc d’Alve, me fit encore mille protestations du desir qu’il avoit luy-mesme de servir Leurs Majestez, et de voir le Roy paisible en son royaume : à quoy je luy respondis que ce n’estoit point un secours espagnol, si prompt et conforme à toutes ses belles paroles, et aux offres que m’avoient faites tant d’Espagnols. Alors il me dit qu’il en estoit le plus marry, que c’estoit ma faute de ne l’avoir laissé aller, mais qu’il me bailleroit cent arquebusiers à cheval de sa garde, sous l’un des meilleurs capitaines qui se pust voir, nommé Montere, qu’il fit appeller pour se tenir prest à marcher quand nous partirions pour aller à Cambray ; où nous eusmes bien de la peine de faire venir toutes nos troupes, et a les en faire partir, non qu’il se trouvast faute de bonne volonté au comte, lequel faisoit ce qu’il pouvoit de sa part.

À la fin nous partismes de Cambray le quinziesme novembre 1567, pour nous acheminer au secours du Roy avec une fort belle troupe de cavalerie, qui faisoit nombre avec les volontaires d’environ dix-sept cens chevaux en fort bon équipage. Comme nous eusmes passé Peronne, leur pensant faire prendre le droit chemin de Senlis, où il n’y avoit que cinq ou six journées d’armée, le comte d’Aremberg me dit qu’il n’avoit pas charge du duc de tenir ce chemin-là ; et fit apporter la carte, résolu de tirer droit à Beauvais, quelque remonstrance que je luy fisse que ce n’estoit ny le chemin, ny le commandement que j’avois ; à la fin il me monstra l’article de ses instructions, qui portoit d’aller