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ron, et se fit en cette province une guerre cruelle, mesme de Sommerive, fils du comte de Tende, catholique, contre son père, huguenot, et gouverneur du pays. Les huguenots du Dauphiné prirent aussi les armes sous la conduite de Montbrun, et ceux du bas Languedoc sous d’Acier, frère de Crussol, duc d’Uzès, et se saisirent de Nismes et Montpellier ; ceux du haut Languedoc, Rouergue et Quercy, sous les vicomtes et autres chefs, et huguenots du pays ; ceux d’Auvergne et de Bourbonnois, sous Ponsenac, qui fut défait et mis en déroute, et la pluspart de ses troupes. En cette sorte, si les huguenots avoient de l’avantage en un lieu, les catholiques l’emportoient en un autre, et la pluspart des villes prises par les uns estoient reprises par les autres, comme furent Mascon et Cisteron. Et ce qui restoit du pillage des huguenots estoit repillé par les catholiques, qui tenoient la campagne en Forest et Poictou, sous Montluc et Lude.

Mouvans, l’un des principaux chefs des huguenots de Provence, Dauphiné et Auvergne, defit les compagnies de Sainct-Aray, et mena ses troupes jusques à Orleans pour asseurer la ville, qui estoit menacée ; puis alla prendre la ville de Blois après l’avoir battue, et capitulé avec le gouverneur et les habitans, ausquels la foy ne fut pas gardée, disant que les catholiques faisoient gloire de ne tenir promesse aux huguenots. De sorte que, de tous les deux costez, l’on violoit le droit des gens sans aucune honte. Les morts n’estoient pas mesme exempts de ces licences trop inhumaines ; car, entre les autres, le corps de feu Ponsenac fut déterré[1], auquel l’on donna mille coups par la mal-

  1. Ponsenac fut déterré. Ponsneac n’avoit point été vaincu, comme