Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/411

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veillance de quelques catholiques, tant l'appetit de vengeance dominoit la pluspart des esprits forcenez des François, animez au carnage les uns contre les autres, qui par telle furie preparoient un beau chemin et entrée aux estrangers pour se faire seigneurs de la France.

Ce que voyant le Roy, la Reyne sa mere, et son conseil, et que les huguenots avec le duc Casimir marchoient dedans le royaume, envoyerent quérir le duc d’Anjou avec l’armée pour se venir loger à Paris et es environs, comme elle fit. Cependant les huguenots s’en allèrent à Chartres qu’ils assiegerent. Je fus à l’instant et en diligence envoyé en Allemagne quérir le duc Jean Guillaume de Saxe[1], lequel avoit esté au service du roy Henry second avec quatre mille chevaux, lors que nous avions la guerre avec le roy d’Espagne, et que la paix fut faite au Chasteau Cambresis, avec les mariages et alliances d’Elizabeth, sœur du Roy, et de Marguerite de France, avec le roy d’Espagne et Philibert, duc de Savoye. Le duc de Saxe avoit envoyé offrir son service à la Reyne mere du Roy, pour maintenir les enfans du feu roy Henry contre ses ennemis et mauvais sujets, la suppliant de luy donner le portrait d’elle, du feu Roy et de tous ses enfans : chose qui luy avoit esté promise de long-temps, et qu’il desiroit tousjours ; dont la Reyne ayant souvenance, qui ne meprisoit jamais aucun moyen qui luy pust servir

    le dit Castelnau : il avoit au contraire remporté un avantage sur les catholiques entre Gannat et Cognac. Après ce combat, il fut tué par ses soldats, qui allèrent ensuite joindre près de Chartres l’armée du prince de Condé.

  1. Le duc Jean Guillaume de Saxe. Il étoit le second fils de Jean Frédéric, que Charles-Quint avoit dépouillé de son électorat. Il fut la tige des ducs de Saxe-Weimar.