Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour le zele de la religion, ou qu’ils eussent du tout appuyé leurs forces sur les catholiques (comme estant ce party le plus puissant et asseuré, et que c’estoit le vray moyen de se maintenir), estimerent qu’ils devoient tascher de ruiner et rabattre le party desdits protestans, et les rendre si foibles qu’ils ne pussent resister aux catholiques.

Voilà un sommaire et brief discours de la conjuration d’Amboise, de laquelle je laisseray le jugement libre à un chacun. Mais bien dirai-je qu’elle estoit mal conduite, et encore pirement executée, estant en premier lieu communiquée à si grand nombre de personnes de toutes sortes de conditions et d’aages, qu’il estoit impossible de la tenir secrette. Car il estoit dit que l’on la pourroit communiquer à tous ceux qui de mesme affection porteroient les armes, combien qu’ils n’eussent assisté au conseil ; chose qui fut trouvée bien mauvaise par plusieurs protestans : aussi l’on peut voir en toutes les histoires que tous ceux qui anciennement conjuroient contre l’Estat ou contre la vie des princes, le communiquoient à peu de personnes, faisans infinis sermens. Et la pluspart des conjurez, en chose de grande entreprise, mesloient de leur sang au vin qu’ils beuvoient ensemble, comme l’on peut voir en la conjuration dressée par les enfans de Brutus, alors premier consul ; autres se lioient les poulces ensemble, et en faisoient sortir du sang qu’ils mesloient l’un avec l’autre, et le suçoient, comme Tacite l’escrit du serment des princes d’Armenie aux traittez d’amitié qu’ils faisoient : ce qui se pratique encores en quelques endroits des Indes Orientales.

Les protestans firent une autre faute de delibérer la