Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/61

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ceux qui en estoient, afin de les attraper à leur temps.

Aussi à la verité l’edict fut mal gardé, soit que les magistrats catholiques eussent devant les yeux seulement le vray zele de la religion catholique, ou que l’on eust mandé par lettres secrettes aux gouverneurs et magistrats de faire justice des protestans, sans avoir egard à l’edict ; autrement, qu’il y auroit danger que ce feu ne s’allumast si grand qu’à la fin il embrasast tout le royaume.

La Reyne mere du Roy, qui a toujours cherché de maintenir les choses pour la seureté de l’Estat, et eviter les inconveniens dont l’on voyoit la France menacée, fit expedier derechef un autre edict, portant deffenses bien expresses à tous les baillifs, seneschaux magistrats et autres juges, de faire de là en avant aucunes poursuites contre les protestans ; lequel edict fut assez bien executé. Ce fut cause d’attirer en France fort grand nombre de bannis et absens pour la religion, et mesmes plusieurs ministres de Geneve et d’Angleterre, qui s’establirent par toute la France, en donnant beaucoup de courage aux protestans, qui s’estoient refroidis, de continuer leurs assemblées et l’exercice de leur religion. Or ce conseil de l’Admiral tendoit à double effect. Le premier, pour faire prendre à la Reyne mere du Roy les affaires en main, en luy donnant advis de reculer, si elle pouvoit, de la Cour ceux de Guise ; l’autre, pour fortifier les protestans et leurs partisans, qui se pouroient rallier plus qu’auparavant en faisant l’exercice de leur religion : ce que beaucoup croyent qui ne fust pas advenu si la rigueur eust esté continuée sur les protestans, lorsqu’ils jettoient les premiers fondemens de leurs desseins. Et ceux de Guise, soit