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entre la france et l’angleterre.


leur entrevue sont fort curieux, ils montrent à la fois les prétentions, l’orgueil et la foiblesse des princes qui étoient revêtus du vain titre de chef de l’Empire. On avoit dressé deux trônes sur la grande place de la ville ; l’Empereur, au milieu d’une foule de noblesse, s’assit le premier, tenant à la main droite un sceptre et ayant la gauche appuyée sur un globe ; un chevalier portoit sur sa tête une épée nue. Il déclara la déloyauté, perfidie et lâcheté du roi de France, le défia et prononça qu’il avoit forfait et perdu sa protection ; puis il établit Édouard vicaire-général de l’Empire, lui en délivra la charte impériale, et voulut l’obliger à se prosterner devant lui et à lui baiser les pieds. Édouard, qui achetoit son alliance au prix de cent mille florins, fut indigné qu’on osât lui faire une pareille proposition, et Louis de Bavière n’osa plus insister.

Les hostilités ne tardèrent pas à commencer [1337].

« Nous entrons, dit Bossuet en parlant de cette guerre et de ses suites, dans les temps les plus périlleux de la monarchie, où la France pensa être renversée par les Anglais, qu’elle avoit jusque-là presque toujours battus. On les vit alors forcer nos places, ravager et envahir nos provinces, défaire plusieurs armées royales, tuer nos chefs les plus vaillans, prendre même des rois prisonniers, et enfin faire couronner un de leurs rois dans Paris même ; ensuite tout d’un coup, et par une espèce de miracle, ils furent chassés et renfermés dans leur île, ayant à peine pu conserver une seule place dans toute la France. »

Cependant les premières campagnes ne furent si-