s’étoient engagés, par serment, à ne pas faire la guerre
au roi de France, sous peine d’excommunication et
de payer deux millions de florins à la chambre apostolique.
Ce fut pour lever cette difficulté qu’Artevelle
proposa, dit-on, à Édouard de prendre le titre et les
armes de roi de France ; mais les actes publics d’Angleterre
constatent qu’il avoit déjà pris ce titre deux
ans auparavant. Peut-être l’argent qu’il distribua aux
Flamands, les promesses brillantes qu’il leur fit alors,
servirent-elles à les convaincre de la justice de ses
droits, qui leur avoient paru chimériques jusqu’alors.
Quoi qu’il en soit, ils lui prêtèrent serment de fidélité
comme roi de France et seigneur suzerain de la
Flandre. Le Pape les ayant excommuniés et ayant interdit
chez eux le service divin, ils eurent recours à
leur nouveau seigneur, qui leur répondit de ne pas
s’inquiéter, qu’il leur enverroit de son pays des prêtres
qui leur chanteroient la messe, voulsit le Pape ou non.
Édouard passa en Angleterre, y obtint des subsides en sacrifiant quelques-unes des prérogatives royales, et disposa tout pour une nouvelle invasion. Philippe avoit aussi préparé ses moyens de défense. Une flotte française étoit chargée de s’opposer à tout transport de troupes : Édouard la défit complètement près du port de l’Écluse [1340], et dut, dit-on, cet avantage à la mésintelligence des amiraux français. Il débarqua en Flandre avec ses troupes victorieuses, les réunit à celles de ses alliés, puis ouvrit sa campagne par le siège de Tournai, tandis que Robert d’Artois, auquel Artevelle avoit amené cinquante mille Flamands, attaquoit Saint-Omer. Le duc de Bourgogne, qui commandoit dans cette dernière place, surprit et tailla en