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précis des guerres


d’entrer dans un royaume dont il se prétendoit le souverain.

Il n’y eut pas moins d’étonnement que de consternation à la cour de France, lorsqu’on apprit l’invasion subite d’une province qui n’étoit point en état de defense et qu’il étoit impossible de secourir promptement. Toutes les troupes avoient été dirigées sur la Bretagne et sur la Guyenne, où sembloit devoir être le théâtre de la guerre. Philippe, afin d’arrêter la marche de l’ennemi et pour se donner le temps de réunir une armée, envoya en toute diligence le comte d’Eu, connétable de France, à Caen, avec ordre de tenir jusqu’à la derniere extrémité dans cette place, qui étoit protégée par une bonne forteresse ; mais le connétable, soit incapacité, soit trahison, se laissa forcer à la premiere attaque, et se rendit lui-même prisonnier. Aussitôt que Philippe put disposer de quelques troupes il se mit en campagne et arriva sous les murs de Rouen presque en même temps qu’Edouard, qui n’osa attaquer la ville. Les deux monarques marchèrent jusqu’à Poisy, en côtoyant la Seine qui les séparoit, et dont tous les ponts étoient rompus ou gardés par les Français. Édouard, trouvant tous les passages interceptés, et voyant l’armée française se grossir chaque jour, sans qu’on parût songer à lui livrer bataille, s’aperçut que l’intention de l’ennemi étoit de le cerner de toutes parts, et de l’accabler ensuite sous le nombre. Par une fausse marche il trompa Philippe, qui, pour le poursuivre, abandonna Poissy, sur lequel l’Anglais revint avec toutes ses forces, répara le pont, et fut libre de se diriger vers