la Flandre en traversant la Picardie. Cette manœuvre
habile lui avoit fait gagner plusieurs journées de
marche sur Philippe. N’ayant eu d’autre projet que
de ravager nos provinces, satisfait d’y avoir réussi, il
ne cherchoit qu’à effectuer promptement sa retraite,
et ne vouloit point risquer le hasard d’une bataille,
qui ne lui offroit nulle chance de salut, s’il étoit défait.
Mais, arrivé sur les bords de la Somme, il
trouva encore tous les passages fortifiés et garnis de
troupes. Il essaya vainement d’en forcer quelques-uns.
Ses troupes étoient harassées par une longue
marche, embarrassées par le butin, et par une foule
innombrable de prisonniers. Philippe avançoit avec
une armée supérieure à la sienne et animée par la
soif de la vengeance. Jamais Édouard n’avoit été dans
une position aussi critique ; on pouvoit, sans le combattre,
le tenir bloqué, l’affamer, et le forcer de se
rendre à discrétion. La fortune vint à son secours.
Un misérable, dont l’histoire a conservé le nom, et il
est à remarquer que, dans toute cette guerre, des
Français seuls furent cause de nos plus grands désastres ;
un misérable, nommé Gobin Agace, séduit
par l’appât de l’or, indiqua à Édouard, près de Blanquetade,
un endroit où la Somme étoit guéable pendant
la basse marée. L’Anglais en profita sans perdre
un seul instant, et Godemar de Faye, qui étoit sur
l’autre rive avec douze mille hommes, ne lui opposa
aucune résistance. Philippe arriva au moment où l’arrière-garde achevoit de passer. Si Godemar eût fait
son devoir, l’armée anglaise, arrêtée pendant quelques
heures, étoit perdue sans ressource. Pour
comble de malheur, le retour de la marée empêcha
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Apparence
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entre la france et l’angleterre.