prince de Galles, connu depuis sous le nom du Prince
Noir, parce qu’il portoit des armes de cette couleur,
profite habilement de cette faute pour conduire à la
charge le corps qu’il commandoit, et bientôt l’action
devient générale. Les Français se battent avec acharnement et sans ordre ; les sages dispositions de l’ennemi l’emportent sur leur nombre et sur leur valeur,
ils sont enfoncés de toutes parts. Philippe s’avance
avec la réserve, mais une terreur panique s’empare
de sa troupe. À peine soixante hommes d’armes restent
autour de lui ; il n’en continue pas moins de combattre ;
ne pouvant plus espérer de vaincre, il veut sauver la honte de sa défaite par une mort glorieuse ; son cheval est tué, il en remonte un autre, reçoit deux blessures, et ne quitte le champ de bataille qu’entraîné malgré lui par le comte de Hainaut. Les Anglais n’accordent point de quartier et font un horrible carnage de nos soldats. Leur rage n’étant point encore assouvie, ils plantent le lendemain des drapeaux français sur les hauteurs afin d’attirer les fuyards qu’ils massacrent sans pitié. Ils surprennent les troupes des communes de Rouen et de Beauvais, qui arrivoient, ignorant la défaite de l’armée, et les passent au fil de l’épée. Cette épouvantable défaite, qui ne peut être attribuée qu’à un excès d’imprudence, telle qu’il est difficile de l’expliquer, coûta à la France plus de trente mille hommes. On a prétendu, mais sans preuve, que la noblesse, mécontente de Philippe, avoit volontairement contribué à la déroute, et que beaucoup de seigneurs avoient même des intelligences avec Edouard.
Suivant la plupart des historiens, ce fut à la ba-