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précis des guerres


qui étoit chargé de la défendre, ne fut ni intimidé par ses menaces, ni séduit par ses promesses. Les talens du gouverneur, la bravoure de la garnison et des habitans rendant toute attaque de vive force inutile, Edouard convertit le siège en blocus. Philippe, qui sentoit toute l’importance de cette place, tenta un dernier effort pour la délivrer ; il avoit rappelé de Guyenne le duc de Normandie ; les troupes que ce prince lui avoit amenées, et celles qu’il put réunir lui-même, montoient à soixante mille hommes, suivant les uns, et jusqu’à cent cinquante mille, suivant les autres. Il s’avança à la tête de cette nouvelle armée ; mais Edouard avoit rendu son camp inattaquable. Le roi de France lui ayant fait proposer le combat, il répondit qu’il étoit là pour prendre Calais ; que si on vouloit une bataille, on n’avoit qu’à aviser aux moyens de l’y contraindre. Philippe, convaincu de l’impossibilité de l’entreprise, fut obligé de se retirer. Les habitans, après avoir souffert toutes les horreurs de la famine, n’ayant plus de secours à espérer de leur Roi, furent réduits à capituler. Le siège duroit depuis près d’un an. Edouard, au lieu d’honorer cette généreuse résistance, prétendit traiter les Calaisiens comme des sujets rebelles. Il exigea qu’ils se rendissent tous à discrétion, se réservant la liberté de les mettre à rançon ou de les faire mourir. Cependant, vaincu par les prières de ses capitaines, il ordonna qu’on lui envoyât six des principaux bourgeois, les chefs tout nus et tout déchaussés, les harts (les cordes) au col et les clefs de la ville entre les mains, dont il feroit à sa volonté. Cette cruelle réponse jeta la consternation dans la ville. Les bourgeois assemblés gardent un