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entre la france et l’angleterre.


punition auroit augmenté le nombre des mécontens. Sa position exigeoit en effet une extrême prudence. La France, ouverte à l’ennemi par Calais et par la Guyenne, l’étoit encore par la Normandie, où le roi de Navarre disposoit de plusieurs ports. Des armées nombreuses devenoient nécessaires pour couvrir nos provinces, et loin de pouvoir lever de nouvelles troupes, le Roi manquoit de fonds pour entretenir celles qu’il avoit déjà sur pied. Après avoir épuisé tous les moyens pour se procurer de l’argent, il se décida à convoquer les états-généraux[1], à leur exposer les dangers du royaume, et à leur demander des secours pour le défendre.

Nous avons déjà vu les états-généraux assemblés sous Philippe-le-Bel ; mais les députés des communes qu’on y avoit admis pour la première fois, n’avoient été appelés à délibérer que sur les prétentions des papes, relativement à la puissance temporelle, et non sur les besoins du royaume. D’autres états convoqués sous Philippe de Valois, ne s’étoient occupés que de confirmer les droits de ce prince à la couronne de France. Ici les choses prennent une face nouvelle. Les états votent des levées d’hommes, règlent les impôts, en déterminent l’emploi, qu’ils font surveiller par des commissaires, et arrêtent plusieurs réglemens d’admi-

  1. Il faut remarquer que la France étoit alors divisée en deux parties ou en deux langues qui avoient chacune leurs états-généraux. La langue d’Oyl, pays régi par le droit coutumier ; la langue d’Oc, où l’on suivoit le droit écrit. La Loire servoit de limite. La Guyenne et les autres principautés soumises à l’Angleterre étant comprises dans la langue d’Oc, cette partie étoit peu considérable. L’histoire fait à peine mention de ses états, qui s’assembloient ordinairement à Toulouse, et qui n’eurent jamais une grande influence dans les affaires.