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précis des guerres


que la trêve fut expirée il se rendit à Calais, mit tout à feu et à sang dans le Boulonnois et dans l’Artois. Il s’avançoit sur les frontières de la Picardie, lorsque Jean II qui étoit parvenu, non sans peine, à réunir une armée, vint lui offrir la bataille, qu’il refusa. Il effectua sa retraite, emportant un immense butin, et retourna en Angleterre, à la nouvelle qu’il reçut d’une entreprise des Écossais sur Berwick. Le prince de Galles étoit descendu en même temps dans la Guyenne, avoit ravagé la Gascogne, puis avoit ramené à Bordeaux son armée chargée de dépouilles. Ces contrées avoient pour les défendre des troupes supérieures aux siennes ; mais la mésintelligence des généraux ne leur permit point d’agir, et le prince de Galles ne rencontra nul obstacle dans son expédition.

Pendant que la France étoit ainsi ravagée, le roi de Navarre tramoit de nouveaux complots. Le dauphin Charles (le fils aîné du roi Jean avoit le titre de dauphin depuis la cession du Dauphiné), abusé par lui, partageoit des desseins dont il étoit loin de pénétrer le véritable but. Ce complot fut découvert, et le jeune Charles avoua franchement sa faute. Dans cette conjoncture délicate le Roi se conduisit avec une extrême prudence. Non-seulement il pardonna à son fils, mais il lui donna l’investiture du duché de Normandie, qui, réuni au Dauphiné que le jeune Charles possédoit déjà, lui formoit un apanage considérable, et ôtoit aux factieux tout espoir de le séduire. Il avoit fait, au commencement de son règne, exécuter sans jugement le connétable d’Eu ; il ne voulut point livrer à la justice des coupables dont le crime eût été facile à prouver, mais dont la