Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
entre la france et l’angleterre.


Londres. Il disoit souvent que si la bonne foi et la vérité étaient bannies du reste de la terre, elles devraient se retrouver dans la bouche des rois ; et sa conduite prouva que ces mémorables paroles étoient la règle de ses actions. Aussi, maigre les maux effroyables qui ont désolé la France pendant la plus grande partie de son règne, malgré ses fautes, ce prince fut-il surnommé le Bon, surnom que l’histoire lui a conservé. Après avoir mis ordre aux affaires de son royaume, il passa en Angleterre, où il mourut le 8 avril 1364. On remarque que les rois d’Écosse et de Chypre se trouvoient alors auprès d’Édouard, et que le maire de Londres, qui étoit marchand de vin, donna à ses frais un repas splendide aux quatre monarques. Cette circonstance, peu importante en elle-même, montre à quel degré d’opulence les Anglais s’étoient déjà élevés par le commerce.

Le Dauphin gouvernoit l’État depuis le départ de son père ; ainsi la mort de Jean II ne fit que consolider entre ses mains l’autorité royale qu’il exercoit déjà. Dans ce siècle de barbarie on étoit habitué à voir les princes déployer à la tête de leurs troupes cette valeur fougueuse, et trop souvent aveugle, qui doit distinguer plutôt un soldat qu’un souverain. On ne soupçonnoit pas qu’un monarque pût défendre son royaume, et encore moins faire des conquêtes sans commander lui-même ses armées. La santé du nouveau Roi, naturellement délicate, affoiblie encore par le poison[1], ne lui permettoit pas de supporter

  1. Les historiens s’accordent à dire que le roi de Navarre avoit fait donner au Dauphin un poison dont on eut beaucoup de peine à arrêter l’effet, et dont il ne fut jamais entièrement rétabli. Cependant