les fatigues de la guerre. Sa retraite précipitée à la bataille de Poitiers, les affronts sanglans que les factieux lui avoient fait essuyer, et qu’il avoit supportés avec patience, laissoient même des doutes sur son courage. Quoiqu’il fût parvenu à appaiser les troubles pendant la captivité du Roi, on n’avoit su apprécier ni son habileté, ni sa prudence, et l’on étoit loin de considérer son règne comme pouvant être glorieux pour la monarchie.
Lorsque Jean II avoit pris la résolution de retourner en Angleterre, les provinces, depuis si long-temps en proie à tant de fléaux, n’étoient point encore délivrées des grandes compagnies, qui continuoient de les ravager, et le royaume étoit menacé d’une nouvelle guerre. Le roi de Navarre que nous avons perdu de vue, parce qu’il eût été fastidieux et inutile de le suivre au milieu d’une foule d’entreprises non moins folles que criminelles, abandonnées aussitôt que conçues, et toujours sans résultat, levoit des soldats en Navarre, traitoit avec plusieurs chefs des compagnies et se disposoit à exciter des troubles ; il commençoit même ouvertement à prendre le titre de roi de France. Le Dauphin jugea que le plus sur moyen de faire avorter ses projets, étoit de les prévenir, et il envoya des troupes en Normandie, avec ordre de s’emparer des places du Navarrois. Ces troupes étoient sous les ordres de Bertrand Du Guesclin, qui, né sujet du duc de Bretagne, avoit pris parti pour Charles de Blois, s’étoit déjà rendu célèbre par ses faits d’armes, et que Jean II avoit attiré au service de France depuis la dernière trêve conclue
on ne trouve nulle trace de ce crime dans l’instruction qui fut commencée contre lui pendant sa captivité.