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entre la france et l’angleterre.


entre les comtes de Blois et de Montfort[1]. Comme le récit détaillé de ses exploits se trouve dans les Mémoires que nous réimprimons, nous nous bornerons à faire remarquer qu’après avoir battu et fait prisonnier, à Cocherel, le captal de Buch, qui commandoit les troupes navarroises (le 6 mai 1364, trois jours avant le sacre de Charles V), il achevoit de soumettre les places de Charles-le-Mauvais, lorsqu’il reçut ordre de se rendre en Bretagne, où la guerre s’étoit rallumée entre les deux prétendans. À la même époque, le comte de Montbéliard avoit attaqué la Bourgogne, et Philippe avoit été également obligé de quitter la Normandie pour voler à la défense de son duché. Cette double diversion sauva le Navarrois ; mais il étoit trop affoibli par ses défaites pour pouvoir être encore redoutable. Tandis que Philippe repoussoit le comte de Montbéliard, la chance des armes étoit contraire en Bretagne. Le comte de Blois ayant imprudemment livré bataille à Auray, y perdit la vie ; Du Guesclin tomba au pouvoir du vainqueur, et Montfort n’ayant plus de rival, demeura seul maître du duché. Ainsi finit une guerre qui duroit depuis plus de vingt-trois

  1. Lorsque Du Guesclin prit du service en France, sont noble caractère n’étoit point encore connu, et l’on ne devoit guère le considérer que comme un habile et intrépide chef de partisans. On pouvoit craindre qu’à l’exemple de beaucoup d’autres, il ne portât ailleurs ses services, s’il y trouvoit plus d’avantages. Charles V voulut se l’attacher en lui donnant pour récompense de ses premiers exploits, le comté de Longueville, confisqué sur le roi de Navarre, et dont ce prince étoit encore en possession. Par là il s’attachoit son nouveau capitaine, et le rendoit irréconciliable avec le Navarrois. De pareilles précautions étoient inutiles avec Du Guesclin : mais elles montraient la sage politique de Charles V.