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entre la france et l’angleterre.


avoit toujours éludé cette renonciation ; il avoit donc annulé celle du roi Jean, qui n’étoit que conditionnelle. Il avoit voulu se réserver les moyens de faire revivre plus tard ses prétentions chimériques ; il se trouvoit dupe de ses propres artifices, et une juste vengeance excusoit dans Charles ce qui n’eût été chez lui que l’effet d’une insatiable ambition.

Le Roi, dès l’ouverture de la campagne [1369], s’étoit emparé du comté de Ponthieu, où il s’étoit ménagé des intelligences, et dont les habitans, fatigués de la domination anglaise, avoient été au-devant des Français. Il avoit confié à ses trois frères le commandement de ses armées, qu’il dirigeoit lui-même sans quitter Paris. Le duc de Berry étoit entré dans le Limousin, le duc d’Anjou attaquoit la Guyenne du côté de Toulouse, et une flotte française ravageoit les côtes de Portsmouth. Édouard, furieux d’être pris au dépourvu, se donne de nouveau le vain titre de roi de France ; il lève des soldats en toute hâte, fait armer jusqu’aux moines des couvens, et une armée anglaise débarque à Calais, au moment même où le duc de Bourgogne se disposoit à passer en Angleterre avec quatre mille hommes d’armes. L’expédition est contremandée ; le Duc reçoit l’ordre de surveiller l’ennemi et de le harceler sans cesse, en évitant tout engagement décisif ; l’impétuosité française se soumet à cette nouvelle manière de faire la guerre, si peu conforme aux goûts et au caractère de la nation, et les Anglais sont obligés de regagner leurs vaisseaux.

D’après les instigations d’Édouard, les comtes de Gueldres et de Juliers avoient déclaré la guerre à la