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entre la france et l’angleterre.


la maladie dont il étoit depuis long-temps attaqué. Ses qualités brillantes avoient excité l’admiration des Anglais, sa modération lui mérita l’estime des Français. Son père ne lui survécut que peu de temps. Ce n’étoit plus cet Édouard, vainqueur à Crécy, dont le nom seul faisoit trembler la France. Abattu par ses derniers revers, il n’avoit cherché qu’à prolonger des trêves, se sentant hors d’état de reconquérir ce qu’il avoit perdu, et ne pouvant se décider à en faire le sacrifice. Il survivoit à sa gloire ; ses peuples avoient vu évanouir l’éclat passager dont il avoit environné l’Angleterre ; on oubloit les années brillantes de son règne pour n’en considérer que la fin déplorable. Dépouillé non-seulement des provinces qu’il s’étoit fait céder par le traité de Bretigny, mais encore de la presque totalité de ses anciennes possessions en France, il avoit entraîné le duc de Bretagne dans sa ruine, et sa foiblesse pour une favorite acheva d’attirer sur lui le mépris de la nation. Abandonné de tout le monde dans ses derniers instans, et même par cette vile créature, qui lui enleva ses bijoux et jusqu’à la bague qu’il portoit au doigt, à peine resta-t-il près de lui un simple prêtre pour lui offrir les consolations de la religion. Ainsi finit le grand Édouard, que ses sujets avoient d’abord trop exalté dans ses succès, et qu’ils ont ensuite trop avili dans son abaissement. L’histoire impartiale a célébré ses talens et son génie sans dissimuler ses fautes, qui ne l’empêchent pas d’être placé à côté des plus illustres souverains dont s’honore l’Angleterre. Son petit-fils Richard II, fils du prince de Galles, lui succédoit ; il n’avoit que onze ans.

Au moment où Édouard mourut, la trêve expiroit.