Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



ANCIENS MÉMOIRES


SUR


DU GUESCLIN.




CHAPITRE PREMIER,


Où le lecteur admirera le penchant que Bertrand avoit pour la guerre dans son enfance même.


Un auteur espagnol a fort judicieusement pensé qu’il étoit de l’interest public d’étudier l’inclination des enfans avec beaucoup de soin, pour découvrir au juste à quel employ la Providence les a destiné, et qu’il n’en est point à qui le ciel n’ait donné quelque talent particulier, dans lequel ils reussiroient si on leur laissoit suivre leur pente naturelle. Il prétend que la plupart des parens, pour n’avoir pas voulu garder une précaution si nécessaire, ont fait prendre de fausses routes à leurs enfans, et les ont engagé dans une condition, qui, ne s’accordant point avec leur génie, les a fait vivre sans honneur et sans réputation dans le monde. En effet, un père peche contre le bon sens, quand il fait embrasser à son fils une profession pour laquelle il témoigne une aversion naturelle ; quand il destine à l’épée celuy qui n’est né que pour