dans la profession des armes, et quoy qu’il eût l’humeur tout à fait guerrière, cependant ses parens admirèrent la bonté de son naturel, qui s’attendrissoit sur les pauvres, qui ne sortoient jamais d’auprès de luy sans en recevoir quelque aumône.
C’étoit autrefois une coutume fort loüable d’instruire la jeunesse à coure la lance, et de proposer un prix à celuy qui reüssiroit le mieux dans ce noble exercice, afin que cette lice luy servît d’apprentissage pour faire un jour la guerre avec succès. C’est sur ce pied qu’on marqua dans Rennes le jour, le temps et la place où se devoient donner ces sortes d’assauts. Chacun courut avec empressement pour les voir ; les dames paroissoient aux fenêtres fort magnifiquement parées, pour s’attirer les yeux de tout le monde, et pour être les spectatrices de ces combats. La présence de tant de témoins et d’arbitres excitoit dans le cœur de chaque écuyer un désir ardent de bien faire, et de sortir avec honneur d’une si glorieuse carrière. Bertrand se mit sur les rangs avec les autres, mais il devint la raillerie de ce beau sexe, qui le voyant si laid et si mal monté, ne manqua pas d’éclater de rire