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SUR DU GUESCLIN.

dégager fort à propos, écarta d’autour de luy tous ses ennemis qui s’acharnoient à le massacrer, et contre lesquels il tint tête jusqu’à ce que ces cavaliers arrivèrent heureusement, et chargerent les Anglois avec tant de furie, qu’ils en tuèrent la meilleure partie. Le reste fut contraint de prendre la fuite. Ils trouvèrent Bertrand dans un grand danger, car il étoit tout seul aux prises avec dix Anglois ; et comme sa coignée lui avoit échappé des mains, il étoit obligé de se défendre à coups de poing. Cependant il disputa si bien le terrain que, secondé de ce secours, il se rendit le maître de la place dont il s’empara pour Charles de Blois ; et s’aquit par cette bravoure une si grande réputation par tout, qu’il passoit pour le plus intrépide et le plus hardy chevalier de son siècle.



CHAPITRE IV,


Où l’on admirera le stratagême dont se servit Bertrand pour faire lever le siège de Rennes assiégé par le duc de Lancastre, et comme il se jetta dans la place pour la secourir.

Le roy d’Angleterre s’étant déclaré pour Jean de Monfort contre Charles de Blois, envoya le duc de Lancastre en Bretagne, à la tête d’un gros corps de troupes, pour mettre le siege devant la capitale de cette province. Il fit accompagner ce prince des seigneurs les plus distinguez de sa cour : pour faciliter une si considérable expédition, le comte de Pembroc,