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ANCIENS MÉMOIRES

jamais, quelque rançon qu’on luy voulût offrir pour sa liberté ; mais un chevalier breton prit celle de dire à ce prince que Bertrand ne luy donneroit jamais de repos jusqu’à ce qu’il fût entré dans Rennes pour la secourir. C’est ce qui l’obligea de presser ce siège et de faire hâter la mine qu’il avoit commencée.

Le gouverneur de Rennes, que Charles de Blois avoit étably dans la place, et qu’on nommoit le Tortboiteux[1], étoit fort en peine de découvrir en quel endroit on faisoit miner, et pour en avoir quelque éclaircissement, il avoit ordonné que dans toutes les maisons qui tenoient aux rempara on y pendît de petits bassins, afin que par le tressaillement que le mouvement des mineurs y causeroit nécessairement, on sçût l’endroit où ils travailloient. Cette invention fit déterrer le lieu de la mine, contre laquelle le gouverneur prit ses précautions en contreminant ; et, par cet artifice, il rendit les travaux des mineurs anglois inutiles et sans aucun effet, ce qui chagrina beaucoup le duc de Lancastre, qui, voyant qu’il luy falloit changer de batterie, fit vivement attaquer la place par des beliers et d’autres instrumens de guerre. Mais les assiégez se défendans toûjours fort vaillamment, il fut obligé d’avoir recours à d’autres stratagèmes. Il sçavoit que les assiégez avoient peu de vivres, et que la faim les forceroit bientôt à se rendre.

Il crut que pour les engager à sortir de leurs mu-

  1. Son véritable nom étoit le chevalier de Penhoèt : c’étoit un des meilliurs capitaines de Charles de Blois ; il se jeta dans Rennes avec Bertrand de Saint-Pern et d’autres gentilshommes bretons. (Du Chastelet, p. 16.)