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ANCIENS MÉMOIRES

avoit enlevé le château de Fougeray sur Robert de Brambroc, son proche parent ; et d’ailleurs ne pouvant souffrir qu’avec peine toutes les loüanges qu’on donnoit à cet étranger, il voulut desabuser tout le monde de sa prétenduë bravoure, en mesurant ses forces avec luy dans un combat singulier, dont il esperoit de sortir avec tout le succés et tout l’avantage. Bertrand, se sentant piqué jusqu’au vif de l’arrogance de ce fanfaron, se promit bien de le faire repentir de sa témérité, luy déclarant qu’il acceptoit volontiers le party qu’il luy présentoit, et que bien loin de craindre d’entrer en lice avec luy, jamais il n’auroit un plus beau champ de faire sentir à ses ennemis jusqu’où pouvoit aller le courage et l’adresse d’un gentilhomme breton contre un chevalier anglois ; et que quand on luy compteroit tout autant d’argent que toute la masse de son corps en pourroit peser, il ne voudroit pas renoncer au duel qu’il venoit de luy proposer. Le Duc ayant entendu la fiere repartie que Bertrand venoit de faire à ce chevalier, dit à ce dernier qu’il avoit fait une entreprise bien hardie de se vouloir commettre avec un si rude joüeur, et voyant que l’un et l’autre témoignoient une égale chaleur pour en venir aux mains ensemble, il leur marqua le jour du combat pour le lendemain.

Ce prince n’eut pas plûtôt achevé ces paroles que le héraut que Bertrand avoit gratieusé, se vint prosterner à ses pieds et luy faire un récit exact de toutes les honnêtetez qu’il luy avoit faites. Il exagéra de son mieux le présent qu’il luy avoit fait d’une bourse de cent florins d’or et d’une fort belle veste, quand il l’avoit été trouver de sa part pour l’engager à se rendre