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SUR DU GUESCLIN.

rant l’assurance et l’intrépidité de Guesclin, ne put pas s’abstenir de rire. Bertrand le regardant encore plus fierement et sans se déferrer, engagea ce prince à redoubler son ris, et ne pouvant assez admirer la resolution de ce capitaine, il luy dit : « Bertrand, si tu veux prendre party dans mon armée, je t’y promets un rang fort distingué. » Mais il acheva de charmer ce prince, en luy répondant que rien ne seroit jamais capable d’ébranler en luy la fidelité qu’il devoit à Charles de Blois.




CHAPITRE V.


De l’avantage que Bertrand remporta dans le combat qu’il eut avec Guillaume de Brambroc, chevalier anglais, en présence du duc de Lancastre ; et de plusieurs artifices qu’il mit en usage pour faire lever à ce prince le siège de Rennes.


Quand le Duc eut étudié tout à loisir la taille, le visage, les airs, les manieres et les reparties de Bertrand, il le fit regaler de son mieux, pour témoigner publiquement l’estime qu’il faisoit d’un gentilhomme de cette trempe. Il y en eut un autre qui, jaloux de toutes les caresses dont ce prince faisoit gloire de l’honorer, essaya d’effacer de son esprit cette haute idée qu’il en avoit conçuë, par un cartel qu’il luy fit, en le defiant de combattre contre luy seul à seul, à la veüe du Duc et de toutes ses troupes. Cet anglois s’appelloit Guillaume Brambroc : il portoit une dent à Guesclin depuis qu’il