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NOTICE

vol par la France et au de là des Pyrenées, et qu’un nombre presque infiny d’estourneaux l’accompagneroient. » Du Chastelet consacre ensuite plusieurs paragraphes à démontrer que cette prédiction s’applique nécessairement à Du Guesclin, parce qu’il n’y a pas d’oiseau avec lequel il eût plus de rapports qu’avec l’aigle. Un aigle figuroit sur ses armes, il avoit la rapidité, l’impétuosité de l’aigle, etc. Quant aux estourneaux, il est, suivant l’auteur, impossible de ne pas reconnoître en eux les troupes qui accompagnèrent Du Guesclin dans ses expéditions. Toutes réflexions seroient superflues sur ce passage et sur beaucoup d’autres du même genre ; et il faut convenir avec dom Vaissette, que Du Chastelet n’est pas de mise comme historien.

Mais en supposant même que ses récits ne fussent pas défigurés par de pareilles fables, son style et sa manière auroient suffi pour nous empêcher d’admettre son histoire dans notre Collection. Lorsque, à défaut de chroniques originales susceptibles d’être réimprimées, nous sommes obligés d’offrir des traductions ou des imitations modernes, il faut que ces imitations conservent le caractère de naïveté et de simplesse qui distingue les anciens Mémoires. Or, rien ne s’éloigne plus de cette naïveté que la narration de Du Chastelet ; il règne dans tqus ses récits un ton d’emphase qui choque d’autant plus qu’il contraste davantage avec la noble simplicité de son héros. Au lieu de rapporter textuellement nombre de paroles de Du Guesclin, que les chroniques nous ont conservées, et auxquelles le vieux langage donne une forme si piquante et si énergique, il compose des discours, des harangues, de longues conversations, qui ne sont en