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SUR DU GUESCLIN.

peines, et prit le party de s’en retourner avec ses gens à son hôtelerie, dans laquelle il fut reconduit par une foule de bourgeois et de menu peuple qui se tuoient de crier dans les rues, vive Bertrand ! Dieu benisse Guesclin, qui ne nous a point abandonné ! Il commença donc par netoyer tous les environs de Guingan de tous les coureurs anglois, qui faisoient le dégât jusqu’aux portes de cette ville, et les ayant recoigné dans leurs châteaux, il y mit le siège avec tant de succès, qu’il se rendit bientôt maître de trois places, dont il fit denîcher ces incommodes garnisons, qui ravageoient tout le païs, et ne donnoient pas le loisir de respirer à ceux de Guingan, qui se voyans libérez de ce voisinage fâcheux, témoignèrent à Bertrand qu’ils luy devoient la conservation de leurs vies, de leurs biens et de leurs libertés.

Après avoir pris congé d’eux, il alla, de ce pas, trouver Charles de Blois[1], qui, pour l’attacher davantage à ses intérêts dans la suite, luy fit épouser une fort riche héritière, dont la naissance et la beauté n’étoient pas communes ; c’étoit cette même demoiselle dont nous avons déjà parlé, qui fit au juste une si heureuse prédiction de l’avantage que Bertrand devoit remporter dans le combat qu’il fit au milieu du camp des Anglois devant Rennes, en présence du duc de Lancastre et de toute l’armée anuloise. Cette

  1. Charles de Blois le présenta à la duchesse de Bretagne, sa femme, en lui disant… « Madame, voici le vaillant Bertrand…  » La princesse, à ce nom fameux, quitte une écharpe de broderie qu’elle faisoit, et court embrasser Du Guesclin. Cette faveur étoit d’autant plus remarquable, qu’elle ne saluoit que les plus grands seigneurs et ceux qui lui étoient alliés. (Du Chastelet, p. 41.)