Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
ANCIENS MÉMOIRES

une bonne garnison qu’il avoit fait entrer dedans. Il comptoit bien de faire perir l’armée du Dauphin devant cette place. Le duc de Normandie fit publier dans tout son camp qu’on eût à se tenir prêt pour en venir à l’assaut le lendemain. Bertrand, dont la bravoure n’étoit pas si connuë des François que des Bretons, fut ravy de trouver une si favorable occasion de se signaler. À l’aube du jour, on donna le signal à toutes les troupes pour s’approcher du pied des murailles du château. Tandis que les uns plantoient des échelles pour monter, les archers et les arbalestriers françois tiroient une grêle de fléches dessus les rempars, pour en écarter les assiégez, qui se défendoient de dessus les murs avec beaucoup de courage et d’intrépidité. Le baron de Mareüil, gouverneur du château, s’y signaloit entre tous les autres ; il y faisoit tous les devoirs de soldat et de capitaine, et les coups qu’il portoit étoient tirez si juste, que personne n’en échappoit, ce qui le faisoit beaucoup appréhender des assiegeans.

Bertrand voyant que les François commençoient à douter du succés de cette action, leur remit le cœur en disant qu’il falloit s’acharner sur la personne du baron de Mareüil, et que si l’on pouvoit le jetter par terre, il répondoit de la reddition de la place. L’on recommença donc de plus belle ; on appuya de nouveau les échelles contre les murailles, on fit des efforts incroyables pour monter ; mais les assiégez faisoient culbuter les François les uns sur les autres, et tomber dans les fossez en jettant sur eux des pièces de bois et des pierres d’une grosseur et d’une pesanteur prodigieuse. Le Dauphin regent, qui regardoit tout ce fracas, vouloit partager ce peril avec ses soldats : on luy