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SUR DU GUESCLIN.

les bourgeois n’osans pas tenir tête, se retirerent en grand desordre dans la tour, où ils avoient mis à couvert tout ce qu’ils avoient d’or, d’argent et de meubles. Il y en eut quelques autres qui s’enfuirent du côté du pont, y croyans trouver plus de sûreté.

Bertrand, poursuivant sa pointe après avoir renversé les barrières, alla s’attacher à la porte de la ville, qu’il fendit et mit en éclats et en pièces avec la même hache, et s’étant ouvert par là l’entrée de Meulan, tout son monde se répandit aussitôt avec luy dans les ruës. L’alarme fut extrême. Les habitans qui ne s’étoient pas réfugiez dans la tour, se tenoient cachez dans leurs maisons, n’attendans plus que l’heure de la mort. Bertrand et le comte d’Auxerre, croyans n’avoir encore rien fait s’ils ne se rendoient maîtres de la tour et du pont, tournèrent toutes leurs pensées de ce côté là, mais pour y reüssir avec plus de succés, ils crurent qu’il falloit commencer par jetter l’épouvente par tout. Ils abandonnèrent donc la ville au pillage de leurs soldats, qui se jetterent avec tant de furie dans les maisons, que les bourgeois s’estimoient trop heureux d’avoir la vie sauve et de se mettre à rançon, si bien que la soldatesque s’enrichit non seulement de leurs dépoüilles, mais du prix qu’elle leur faisoit payer pour leur liberté.

Les habitans qui gardoient le pont, craignans la fureur de Bertrand, ne balancerent point à le rendre, de peur qu’à la chaude, on ne les fît passer au fil de l’épée s’ils entreprenoient de faire une plus longue résistance. Il ne s’agissoit donc plus pour achever toute la conquête, que d’enlever la tour. Bertrand s’avisa devant que d’en venir aux mains, de tenter s’il ne