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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/268

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SUR DU GUESCLIN.

tel étoit aujourd’huy vainqueur qui, le lendemain, pouvoit être battu ; qu’enfin il seroit honteux aux Anglois de faire un, arrierepied devant une armée qui fuyoit.

Tandis que ces generaux se prenoient ainsi de paroles, Bertrand fît volteface, et, faisant sonner toutes les trompettes, il marcha droit aux Anglois qui furent bien surpris de ce changement. Le Captal et ses sens eussent bien souhaité de se revoir sur la montagne, mais il n’étoit plus temps, car les François étoient trop prés d’eux, et les auroient chargé par derrière en leur marchant sur les talons ; si bien qu’il ny avoit point d’autre party à prendre pour le Captal que celuy de se préparer au combat, et d’exhorter ses Anglois à bien faire, en leur representant qu’ils étoient en plus grand nombre que leurs ennemis, dont ils auroient fort bon marché, parce que la famine qui les avoit attenüez leur laissoit à peine la force de soutenir leurs armes ; que les François n’en pouvans plus, quelque bonne contenance qu’ils fissent, seroient fort aisément défaits ; que chacun se disposât donc à joüer des mains en gens de cœur, et pour le faire avec plus de succés, il fit publier dans toute l’armée qu’on fit alte pour prendre tous une soupe au vin, pour avoir plus de force à combattre.

Le captai et Jean Joüel tâchoient de les encourager, en les assurant qu’ils leur donneroient les premiers de beaux exemples de bravoure et de valeur, et qu’on ne les verroît pas fuir comme des lievres devant les François. Bertrand se servit de cette pose des Anglois pour faire toujours avancer ses troupes et les ranger en bataille. Il donna tout à loisir tous